Publié dans Politique

625 milliards  de fraudes douanières - De gros bonnets complices de Mbola R. à Antanimora

Publié le dimanche, 01 septembre 2019

La presse  -  dont le journal que vous tenez en mains  -  avait déjà tiré la sonnette d'alarme à plusieurs reprises sous l'ancien régime sur ces mêmes fraudes douanières à grande échelle, mais c'était resté lettre morte. Et pour cause, outre un homme d'affaires proche du Chef de l'Etat de l'époque, de très hauts fonctionnaires au sein du département concerné, celui des Douanes, étaient trempés jusqu'au cou dans le trafic. Ces derniers, après une longue enquête, viennent d'être placés en détention préventive par le parquet du Pôle anti-corruption (PAC) le weekend dernier. Il s'agit de l'ancien Directeur général des Douanes R. E. N., de l'ancien Receveur des Douanes à Tamatave R. T., de l'ex-Chef de Service Anti-fraude au sein de l'administration des Douanes R. H. L., et enfin de l'Inspecteur au Service des Renseignements et de l'Analyse des Risques, R. L.

 

L'affaire  porte sur des opérations frauduleuses perpétrées sur plusieurs années (les investigations couvrent  la période entre 2014 et 2018) et ayant engendré une perte sèche d'un montant estimé à 125 milliards d'ariary (soit 625 milliards de francs) pour l'Etat malagasy . Lesdites  opérations impliquent plusieurs sociétés qui ont la particularité, soit d'appartenir à l'opérateur économique Mbola Rajaonah, soit d'être des satellites aux sociétés de celui-ci ou de passer par ces dernières pour leurs opérations frauduleuses. Au titre des sociétés de transit directement concernées, citons les sociétés TAFARAY, MASTRA et TRANSIT MULTISERVICE TRANSFERT, tandis huit autres ont été identifiées et suspectées  d'avoir participé auxdites opérations frauduleuses, dont les Sociétés ELICE IMPORT, ARIAN IMPORT, STEF IMPORT, ZETSASAMA, ENINENME, TRANOMBAROTRA MAHASOA SARLU, DAGO SA SARLU, MADAGASCAR IMPEX et SYL IMPORT.

Le mode opératoire consiste à déclarer des importations de papiers journaux et de ciments lesquels bénéficient, pour s'exprimer simplement, d'une taxation  relativement avantageuse puisque celle-ci est calculée au poids et est d'un faible taux. Si les premiers sont frappés de 5% de droit de douane avec une exemption de TVA, les seconds ont une taxation de 10% de droit de douane et de 20% de TVA, le tout basé sur des déclarations de valeur au kilo.  Les enquêtes effectuées a posteriori en amont ont cependant révélé que les fournisseurs censés avoir exporté les marchandises en question sont spécialisés en exportation de textile pour

ce qui concerne les papiers journaux, et en exportation d'huile végétale et de fabrication et d'exportation de produits laitiers pour ce qui est des ciments. A la lumière des investigations, il est apparu que les marchandises à l'embarquement  sont totalement différentes de celles déclarées à l'importation puisqu'il s'agit en réalité de PPN, voire dans certains cas d'appareils électroménagers, au lieu de papiers journaux ou de ciment.

« Circuit jaune » et « pas de visite, ad conf » systématiques

Les données sur les transitaires concernés n'ont pourtant révélé aucune trace d'infraction touchant les importations en question et ce, à quelque niveau de contrôle que ce soit au port de Toamasina. La raison en est simple : Un système de fraude à grande échelle a été mis en place au niveau de tout le système et ce, avec la participation et la couverture de certains dirigeants et acteurs au sein de la Douane. En gros, cela consiste à faire en sorte que les opérations réalisées par les sociétés suscitées ne fassent l'objet de contrôle sérieux, voire de contrôle tout court. C'est ainsi par exemple que leurs conteneurs sont systématiquement aiguillés en « circuit jaune » (soumis seulement à contrôle documentaire et non physique). Et si d'aventure, des suspicions sur les déclarations sont émises et un contrôle supplémentaire est demandé, on remarque que l'issue est dans la plupart des cas « pas de visite, ad conf » (sic), jargon douanière signifiant qu'aucun contrôle physique n'a pas été effectué mais que la déclaration douteuse a été admise comme conforme (ad conf) aux contenus des conteneurs.

Faux et usage de faux, corruption et abus de fonction

Les investigations révèlent que, au prime abord, quatre acteurs de la chaîne de contrôle sont impliqués dans ces manœuvres frauduleuses. Il s'agit des quatre personnes qui viennent de faire l'objet de mandat de dépôt à la maison centrale d'Antanimora le weekend dernier. Chacun à leur niveau, ils assuraient que les opérations des sociétés « amies » ne fassent l'objet de contrôle ou de ciblage et veillent à les envoyer systématiquement en « circuit jaune » (voir supra) tout en gérant, le cas échéant, les « messages de risques favorables » les concernant. Il est même avéré que, même durant la période où ces fonctionnaires occupaient des postes différents, les exactions et fraudes douanières ont toujours été sous leurs protections et facilitations. Ainsi, leur accès à un niveau de responsabilité plus élevé au sein de la douane a eu pour effet de renforcer davantage un système à l'échelle institutionnelle et nationale pour perpétrer les fraudes.

Les quatre prévenus  sont inculpés pour l'instant de « faux et usage de faux, corruption et abus de fonction ». D'autres charges, comme

« fraudes fiscales par l'utilisation de prête-nom et la création de sociétés éphémères, infractions douanières, infractions au code des changes, abus de biens sociaux », peuvent venir s'y greffer au cours de l'enquête qui, vraisemblablement, sera menée avec le service des Douanes. Les sanctions prévues par le Code général des impôts pour ces actes sont « deux mois à un an d'emprisonnement » (art. 20.01.56.14) ainsi que « la responsabilité solidaire au paiement des impositions et pénalités » (art. 20.01.56.5).

Hery Mampionona

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Editorial

  • Un phare
    « Je voudrais être un phare qui voulais illuminer les démunis et leur apporter la lumière », telle est la déclaration, érigée en confession de foi, de Harilala Ramanantsoa, porte étendard n° 7 de l’IRMAR – UPAR aux communales et municipales d’Antananarivo-Renivohitra prévues le 11 décembre prochain. A l’issue d’un culte d’action de grâce et de louange au temple du Palais de Manjakamiadana, Harilala Ramanantsoa répond à la question des confrères pourquoi a-t-elle choisi ce site historique pour organiser un culte qu’elle devait déclarer ainsi. Qu’est-ce qu’un phare ? Le Robert le définit en ces termes « une tour élevée sur une côte ou sur un îlot, munie à son sommet d’un feu qui guide les navires ». Sur un véhicule, c’est un feu à longue portée pour offrir la meilleure visibilité la nuit au conducteur.

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